Abstract
« On ne connaît bien une science que lorsque l’on en connaît l’histoire ».
Auguste COMTE.
De médecin, barbiers, maréchal ferrant, dentiste, chirurgien-dentiste à médecine dentaire !
Des premières mesures de traitements ont été observées dans certaines populations voilà 7500 à 9000 ans où les habitants semblaient avoir été très habiles à créer des petites cavités avec des outils de pierre. Même chose avec une population de Slovénie voilà 6500 ans, qui ont utilisé la cire d’abeille pour refaire une dent fracturée.
Les premières preuves de soins dentaires appartiennent à l'Égypte ancienne, environ 3000 av. J.-C., et à la Mésopotamie. Les Égyptiens avaient des connaissances sur la chirurgie de la dent et le remplacement par des prothèses en ivoire. Un bon début !
Au fil des siècles, la dentisterie est passée d'une pratique rudimentaire à une discipline médicale sophistiquée, offrant un large éventail de soins et de traitements pour la santé bucco-dentaire. La traversée de ces siècles d’histoire permet de mesurer l’important écart de temps entre la pratique rudimentaire et barbare au Moyen-âge et la dentisterie d’aujourd’hui. Explorons l'évolution de cet art devenu Médecine Dentaire.
1) 25 siècles d'histoire depuis l'Antiquité….
À la période de la Grèce antique, des textes grecs anciens font référence à l'extraction de dents et aux traitements dentaires. Cependant, la plupart des soins dentaires étaient rudimentaires. Les Romains ont également contribué à cette discipline en développant des instruments tels que les daviers pour certains actes.
Pendant toute la période du Moyen-âge, les responsables des extractions dentaires étaient les barbiers, en plus de leur fonction de couper les cheveux. Leurs connaissances en matière de soins dentaires étaient limitées voire en contradiction avec "l’art" exercé depuis l’Antiquité.
Au cours de la Renaissance, l'intérêt pour les sciences médicales s’est accru.
Ambroise Paré, barbier au début de sa carrière, devient un éminent chirurgien du 16e siècle en France, marquant de fait l’histoire de la chirurgie dentaire par l’élaboration de prothèses dentaires plus sophistiquées pour réparer, remplacer les dents et les bases osseuses endommagées. Longtemps les dentistes étaient associés à des charlatans. Ce sont ceux qui parlent avec emphase en particulier sur les foires, vendent des drogues et arrachent parfois les dents (depuis la peste noire de 1349).
Le terme de « dentiste » apparait donc au XVIe siècle avec Ambroise PARE, le père de la chirurgie moderne.
La place de la chirurgie dentaire naîtra réellement en 1699 par voie royale.
Au 18e siècle, le dentiste français Pierre Fauchard (le titre de chirurgien-dentiste n’existe pas encore), considéré comme le père de la dentisterie moderne au XVIII° siècle, a rédigé le premier traité dentaire. Intitulé "Le Chirurgien-Dentiste, ou Traité des dents", cet ouvrage a posé les bases de nombreuses pratiques modernes. Il y définit le terme de "chirurgien-dentiste" et compile les nouvelles méthodes de la chirurgie de la bouche reposant sur une connaissance fine de l’anatomie, l’observation clinique et le raisonnement scientifique. Les ancêtres des chirurgiens-dentistes actuels sont les barbiers chirurgiens ainsi que les maîtres chirurgiens. L'accès aux soins a souvent été très différent entre les communautés urbaines et rurales. Dans le temps, l'arrachage des dents à la campagne a pu se faire majoritairement chez le maréchal Ferrant. La dentisterie correspond alors à toute activité de soin des dents et de la cavité buccale et est réalisée par le « Chirurgien-Dentiste ». Grâce aux travaux de Pierre Fauchard et à ses émules, la dentisterie connait un essor fulgurant. Le pilier central est le consentement du malade et la décision médicale appropriée.
Au 19e siècle, le premier fauteuil dentaire aménagé et l'utilisation de l'anesthésie dentaire marquent les avancées de la dentisterie.
La création du diplôme de chirurgien-dentiste en 1892 formalise la formation spécialisée selon des normes et de manière uniforme.
Cette qualification des praticiens signe la reconnaissance de la dentisterie en tant que profession distincte et spécialisée.
Le statut de praticien dentaire est désormais sur un pied d'égalité avec les autres professions médicales.
La marche vers le progrès est lancée, l’odontologie moderne est née.
2) "L'art dentaire" cède la place à la "médecine bucco-dentaire"
Sous l'impulsion de l'ADF, le 15 décembre 2009, la terminologie internationale d’art dentaire pour désigner l’activité du chirurgien-dentiste, est remplacée par médecine bucco-dentaire. Désigné comme désuet et inapproprié, le terme "art dentaire" disparait progressivement donc des textes législatifs et règlementaires. La norme ISO 1942 est révisée, abrogeant l’idée d’art de la dentisterie au profit d’une science médicale ; d’où l’appellation de « Médecine Dentaire » !
L’évolution et les connaissances de la médecine et de la dentisterie avancent d’une façon exponentielle. Pour chacun de nous, quel que soit notre niveau hiérarchique, notre lieu d’exercice, nos compétences ou nos connaissances, il est nécessaire de se documenter, s’informer et chercher continuellement et régulièrement le savoir, d’où l’importance de l’information et d’une formation continue. Nuls doutes que cette revue y contribuera.
« Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe ».
Jules RENARD
References
Aucune

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